Episode 4 : « Esprits tourmentés »

Danse du grand calumet de la Paix – Forêts paisibles (revisité) / Les Indes Galantes, Jean-Philippe Rameau

Pour conclure cette série qui coïncide avec la clôture de notre saison musicale 2020/2021 en distanciel, nous avons revisité un rondeau tiré des Indes Galantes de Rameau au travers d’une courte fiction inspirée du contexte actuel que nous subissons.

Avertissement : Risque de ne pas convenir aux baroqueux intégristes !

 

En 1735, le goût est à l’insouciance et à l’exotisme des contrées lointaines ; Rameau crée l’opéra ballet « les Indes galantes » dont la 4ème entrée se déroule dans une forêt d’Amérique du Nord ; la scène célèbre la paix entre un Chef Amérindien et des colons européens, autour de la « Danse du grand calumet de la Paix ».

Cette danse en rondeau se superpose à la reprise, d’une partie vocale « Forêt paisibles » qui vante les bienfaits d’une contrée de paix où les hommes vivent en harmonie avec la nature à l’écart des besoins futiles : « Forêts paisibles, jamais un vain désir ne trouble ici nos cœurs…S’ils sont sensibles, Fortune, ce n’est pas au prix de tes faveurs… »

Nous avons osé une interprétation de « forêt paisibles » transposée dans le goût de notre époque et frappés par l’oppression de la crise COVID, car « Si nous sommes sensibles », c’est plus que jamais de retrouver « la vie d’avant » et apaiser nos esprits tourmentés par cette période pesante qui réduit les musiciens à l’isolement et prive le public de concerts depuis plus d’un an. L’espoir semble à nos portes…

A propos de l’interprétation, il n’y a pas d’instrumentation absolue pour cette œuvre, Rameau précise que « rien n’empêche de jouer avec d’autres instruments, puisqu’il n’y a qu’à y prendre toujours les plus hautes notes pour le dessus et les plus basses pour la basse » ; Rameau était moderne et assurément conscient de l’évolution rapide des instruments de musique depuis le début du XVIIIème siècle, siècle des Lumières tourné vers le progrès…

Les mises en scène de l’époque étaient grandioses et spectaculaires, ce qui est toujours le cas des représentations actuelles plus ou moins déjantées ; l’époque baroque se caractérise par l’emphase et l’exagération des contrastes, «…un monde où tous les contraires seraient harmonieusement possibles » (Philippe Beaussant), ce que nous avons tenté de dire avec nos instruments d’hier et d’aujourd’hui.